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Ça peut paraître anodin, mais pour un petit pays d’Afrique de l’Ouest comme le Bénin, c’est énorme : un second câble sous-marin venu d’Europe a été raccordé début avril au réseau béninois, permettant de meilleures connexions internet.
Le précédent câble avait été installé en 2002, et, depuis, la complainte sur les sites locaux était la même : « Internet au Bénin est d’une lenteur insupportable », pouvait-on encore lire en décembre 2014.
C’est un navire de la société Alcatel Submarine Networks, membre du groupe Alcatel (et qui devrait rester française malgré le rachat d’Alcatel Lucent par le finlandais Nokia), qui a acheminé ce câble dans le cadre du projet Africa Coast to Europe (ACE), d’un coût de 35 millions de dollars partiellement financé par la Banque mondiale.
« Il est vrai qu’Internet est lent »
Sur Twitter, Marie-Cécile Zinsou, qui a ouvert une fondation dédiée à l’art au Bénin, fait partie de ceux qui se sont réjouis.
Il faut dire qu’en 2013, le Bénin se classait avant-dernier pour la vitesse d’Internet sur le continent africain, juste devant la République démocratique du Congo, bonne dernière.
Un blogueur béninois racontait en décembre 2014 le calvaire de l’internaute :
« Il est vrai qu’Internet est lent. C’est ce que vous remarquerez lorsque vous vous rendrez dans des cybercafés au coin de la rue. Les opérateurs de ces cybercafés ont un débit faible et parfois, vous peinez à télécharger une page. C’est parfois chiant […] et personnellement, je n’aime pas cette situation.
Je suis parfois resté à attendre des heures pour voir si la connexion changera. Il faut noter que la situation n’est pas la même du Nord au Sud. Au Sud, vous trouverez des cybercafés qui vous offre un service parfois rapide mais, vous devez payer le prix.
Même au nord du Bénin, il arrive des jours où vous aurez un bon accès à Internet. Cela dépend toujours des heures que vous choisissez pour travailler […]. »
Démocratiser l’accès
L’arrivée du second câble devrait faire évoluer cette situation, dans un premier temps sur la côte, avant que les opérateurs béninois ne développent les infrastructures vers l’intérieur de ce pays longiforme.
L’amélioration de l’accès et la baisse attendue des coûts devraient permettre d’augmenter le nombre d’internautes dans le pays.
Un mémoire universitaire disponible en ligne, et qui raconte l’histoire d’internet au Bénin, rappelle que le pays a été raccordé au réseau mondial dès 1995, à la faveur d’un sommet francophone qui se tenait à Cotonou. Mais, ajoute l’auteur, Ken Lohento :
« Cette connexion n’avait pas été préparée et elle n’est guère promue. »
L’auteur souligne dans sa conclusion :
« [Internet] offre au Bénin l’opportunité de rattraper à terme ses retards technologiques si ses enjeux sont vite compris et les conditions de son développement créées. Les principaux enjeux qu’il véhicule pour le Bénin sont : la survie économique, la promotion de la recherche, la formation des cadres, l’amélioration de la communication entre régions, la promotion du Bénin, de la démocratie, la performance de l’administration. »
Mais il soulignait justement que la « démocratie virtuelle » espérée « ne pourra aussi être réalisée que lorsque l’accès à l’Internet ne sera plus réservé à des classes privilégiées ».
L’arrivée du second câble devrait, en principe, permettre cette démocratisation relative de l’accès.
Pierre Haski – Rue 89 – 30/04/2015
http://rue89.nouvelobs.com/2015/04/30/cable-sous-marin-arrive-benin-fin-galere-internet-258929
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